Le 14 Septembre 2015, à 17h26.
Les outils informatiques sont prodigieux en cela qu'il devient désormais presque toujours possible de dater à la minute près la plupart des événements marquants d'une vie. Je me souviens de cette minute de l'après-midi du 14 Septembre 2015 comme si elle venait de s'écouler. A la fenêtre de mon appartement du 20ème arrondissement, j'ai sorti mon smartphone, un BlackBerry Q10, pour prendre une seule photo du ciel.
Cette photo-ci.
Litha a grimpé sur mes genoux alors que j'étais en train de l'envoyer à la personne à laquelle elle était destinée, personne dont, je l'ignorais encore alors, le téléphone ne permettait pas de recevoir de MMS. Quelques heures plus tard, à 1h12 (nous avions basculé au 15 Septembre), je renvoyais ce même cliché à l'adresse mail palliative que j'avais reçue entre temps.
Je me souviens exactement de ce que je ressentais, de ce que j'ai ressenti dans les moments qui ont précédé et suivi ce cliché de 17h26 le 14 Septembre 2015. Je le savais déjà, à ce moment-là, que "ça", quoi que "ce" soit, allait être étrange, compliqué probablement, déséquilibré, certainement.
Le 30 Septembre 2015, je postais un dernier article sur ce blog. Le début d'une histoire qui n'aura finalement jamais été écrite. Je mentirais en disant que je savais qu'il s'agissait de mon dernier article, mais je mentirais tout autant en prétendant que je pensais qu'il finirait par avoir une suite.
Au tout début du mois de Janvier 2016, j'ai compris que j'avais progressivement basculé dans le monde de l'à quoi bon. Il n'y a pas eu de sursaut. A quoi bon exister à soi-même. J'ai existé pour l'autre, pour la personne à qui ce coin de ciel était destiné.
En Mars 2016, c'était irrémédiablement ancré : 'je' n'existait plus. 'je' a déserté.
Plus de quatre années sont passées.
Il y a quelques jours, j'ai fait une rencontre étrange : j'ai rencontré l'étrangère qui a habité mon corps pendant tout ce temps.
Je ne parviens pas à être tranchée quant à mon opinion de cette personne. J'ai l'impression qu'elle a touché toutes mes affaires, volé mes stylos, collé entre elles les pages de tous mes livres. J'éprouve une forte affection pour elle, mais aussi un curieux mélange d'admiration, de pitié, de respect et de peur.
Je crois que je préférerais qu'elle déménage. J'aimerais qu'elle le comprenne et parte d'elle-même. Si elle m'aimait, elle le ferait je pense. Si elle pensait que c'était pour moi, pour mon bien. Elle a cet altruisme qui confine à l'arrogance, à la condescendance. Il faut que je parvienne à lui dire que nous serions plus heureuses, l'une sans l'autre. J'ai peur de sa réaction : je ne suis pas sûre qu'elle sache vivre seule.
Les outils informatiques sont prodigieux en cela qu'il devient désormais presque toujours possible de dater à la minute près la plupart des événements marquants d'une vie. Je me souviens de cette minute de l'après-midi du 14 Septembre 2015 comme si elle venait de s'écouler. A la fenêtre de mon appartement du 20ème arrondissement, j'ai sorti mon smartphone, un BlackBerry Q10, pour prendre une seule photo du ciel.
Cette photo-ci.
Litha a grimpé sur mes genoux alors que j'étais en train de l'envoyer à la personne à laquelle elle était destinée, personne dont, je l'ignorais encore alors, le téléphone ne permettait pas de recevoir de MMS. Quelques heures plus tard, à 1h12 (nous avions basculé au 15 Septembre), je renvoyais ce même cliché à l'adresse mail palliative que j'avais reçue entre temps.
Je me souviens exactement de ce que je ressentais, de ce que j'ai ressenti dans les moments qui ont précédé et suivi ce cliché de 17h26 le 14 Septembre 2015. Je le savais déjà, à ce moment-là, que "ça", quoi que "ce" soit, allait être étrange, compliqué probablement, déséquilibré, certainement.
Le 30 Septembre 2015, je postais un dernier article sur ce blog. Le début d'une histoire qui n'aura finalement jamais été écrite. Je mentirais en disant que je savais qu'il s'agissait de mon dernier article, mais je mentirais tout autant en prétendant que je pensais qu'il finirait par avoir une suite.
Au tout début du mois de Janvier 2016, j'ai compris que j'avais progressivement basculé dans le monde de l'à quoi bon. Il n'y a pas eu de sursaut. A quoi bon exister à soi-même. J'ai existé pour l'autre, pour la personne à qui ce coin de ciel était destiné.
En Mars 2016, c'était irrémédiablement ancré : 'je' n'existait plus. 'je' a déserté.
Plus de quatre années sont passées.
Il y a quelques jours, j'ai fait une rencontre étrange : j'ai rencontré l'étrangère qui a habité mon corps pendant tout ce temps.
Je ne parviens pas à être tranchée quant à mon opinion de cette personne. J'ai l'impression qu'elle a touché toutes mes affaires, volé mes stylos, collé entre elles les pages de tous mes livres. J'éprouve une forte affection pour elle, mais aussi un curieux mélange d'admiration, de pitié, de respect et de peur.
Je crois que je préférerais qu'elle déménage. J'aimerais qu'elle le comprenne et parte d'elle-même. Si elle m'aimait, elle le ferait je pense. Si elle pensait que c'était pour moi, pour mon bien. Elle a cet altruisme qui confine à l'arrogance, à la condescendance. Il faut que je parvienne à lui dire que nous serions plus heureuses, l'une sans l'autre. J'ai peur de sa réaction : je ne suis pas sûre qu'elle sache vivre seule.
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