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L'Île d'Ambre

Un petit tour dans l'interface de gestion de Blogger et voilà que je retombe sur les vestiges d'anciens projets n'ayant jamais abouti. Celui des projets avortés me laissant le goût le plus âcre en bouche est peut-être bien celui-ci : L'Île d'Ambre. Je les ai tous aimés démesurément, Lux Umbrae, Arianna, entre autres, mais aucun n'était jamais allé aussi loin, aucun n'avait jamais été aussi près de toucher la ligne de départ.
Il faut dire que tous les facteurs concordaient pour en faire un des projets les plus enthousiasmants qu'il m'ait jamais été donné de rejoindre. Des pirates, de la musique, du mime, un théâtre d'ombres, de la déclamation, sans compter les litres de larmes, de sueur, de café, les ampoules, les cernes, les fous-rires, les lieues de mails, les colliers de neurones déposés au Mont de Piété, les énergies humaines qui avaient été déployées pour lui permettre de voir le jour. Et les rencontres! Oh my! ... Certaines comptent parmi mes meilleurs souvenirs. 
J'y ai souvent repensé, ponctuant immanquablement la séance de réminiscences par un long soupir. Aujourd'hui, retombant sur le blog qui témoignait de l'avancée des travaux, j'ai eu envie d'exhumer le texte dont la création, la rédaction et la réécriture m'avaient valu nombre d'insomnies euphoriques. L'histoire de la Princesse Baltia ne rentrant pas dans la thématique des contes de l'Autre Grimoire, c'est ici que je vais la déposer, en guise d'hommage à ce qui aurait pu être, à ce qui aurait être une envolée artistique pluridisciplinaire à hauteur de comètes.

Voici donc l'histoire de Baltia et de l'Île d'Ambre, où comment d'honnêtes marins se purent faire Pirates...



L’Histoire nous apprend que les mondes parfaits
N’existent point ailleurs qu’en la tête des fous
Leurs rivages sont flous. Même en étant tout près
Dès que l’on les avise, aussitôt ils s’écartent.
Des pays de légende il ne reste plus rien :
Quelques poignées de cendres, les ronces d’un jardin
Et certainement pas un point sur une carte.

Le vin, parfois, délie les langues des marins
Qui, le temps d’un récit fantasque et animé
Chantent  les visions qui hantent leurs délires.
C’est ainsi qu’aujourd’hui nous vous pouvons redire
(Non que l’on se souvienne d’y avoir flâné)
L’histoire de l’Île d’Ambre et de ses révoltés.

L’île d’Ambre était située en un lieu inconnu des navigateurs. N’y vivaient que ceux qui y étaient nés, car elle était si bien protégée par les courants marins que l’on ne pouvait ni s’en approcher, ni non plus  en partir. Le printemps y officiait sans relâche et le parfum des fleurs n’était égalé que par la saveur des fruits qui y poussaient, elle-même surpassée par le talent des danseurs et des musiciens qui s’en gorgeaient à longueur de journée. En son sein, l’île d’Ambre abritait une cité antique, pacifique et majestueuse, pensée par les plus fins érudits, érigée par les meilleurs artisans, ornée par les plus habiles artistes, sur laquelle régnait le meilleur et le plus sage des Gouverneurs, Abalus, troisième du nom.

Le bon Gouverneur et ses conseillers souhaitaient que l’île s’ouvrit au monde extérieur. L’on confia aux savants la tâche de construire de fins vaisseaux qui seuls pourraient franchir dans un sens et dans l’autre les courants encerclant l’île. On envoya une flottille en expédition. Les explorateurs qui partaient revenaient de temps à autres partager leurs observations.

Un jour, l’un des vaisseaux revint avec à son bord sept matelots d’origines diverses, que l’équipage avait invités à visiter l’île d’Ambre. Les sept marins, ayant découvert l’île et ses richesses, ne voulurent point en repartir. L’hospitalité enthousiaste des habitants leur permit de s’y installer.

Ils étaient de bons hommes, mais l’île ne tarda pas d’avoir sur eux les effets les plus inattendus : les innombrables richesses dont elle regorgeait finirent par attiser leur convoitise. Il ne passa pas longtemps avant qu’ils fussent gagnés par la sombre et folle pensée d’y prendre le pouvoir.

Pendant des mois, ils complotèrent et s’équipèrent en secret, à l’insu des habitants dont la nature n’était guère méfiante. Lorsqu’ils furent fins prêts, ils mirent en marche leur machination sanglante.

Un matin, armés jusques aux dents, les sept marins saisis d’une fureur diabolique prirent à eux seuls la cité d’assaut, brûlant tout sur leur passage, menaçant et blessant femmes et enfants, intimidant de leurs sabres les hommes que rien, sur cette île paisible, n’avait préparés à l’idée même du combat. Tranchant air et chairs, rugissant comme des fauves enragés, ils arrivèrent au palais où presque aucune résistance ne leur fut opposée, filant vifs comme l’éclair jusqu’aux appartements du Gouverneur. Tandis que les six premiers s’affairaient à repousser les gardes malhabiles mais nombreux qui accouraient de toutes parts, le plus téméraire d’entre eux, qui était aussi le plus fou, planta son grand sabre dans la poitrine du Gouverneur.

Il fallut un jour entier avant que l’on parvint à arrêter les sept hommes.

Dieux! Voyez comment le feu a pris les terres
Et combien le rivage est nu et désolé.
Il n’est plus de chanson, on n’entend plus la mer
Pas plus que la clameur des oiseaux égarés.

Zéphyr est orphelin, il envoie de la cendre
Au travers des maisons hantées d’apocalypse
Les rayons du soleil ne veulent plus descendre :
Ils masquent leur éclat d’une éternelle éclipse.

La tempête a fait rage : il y a peu encore
On entendait la foudre étourdir la cité
Le tonnerre, les pleurs et le cri de l’épée.

Le silence installé désormais nous dévore.
Il tient l’homme abattu, il tient l’oiseau captif
Et  il garde l’aurore à flanc sur le récif.

Ils n’avaient plus de gouverneur.
Sa seule héritière, une fillette de quatre ans à peine, n’était plus en sécurité dans cette île. Qui aurait pu jurer que la folie des marins ne s’était point propagée jusque dans la tête des habitants ? Comment être certains qu’ils ne tenteraient point à leur tour d’attenter à la vie de la jeune héritière ? Il fallait se montrer prudents...

Le plus fidèle conseiller du Gouverneur, qui était un sage homme, songea que l’on ne pouvait s’abaisser à occire les sept brigands. Pour tout châtiment, on les fit conduire au-delà des frontières maritimes de l’île d’Ambre. On les laissa là avec quelques vivres, livrés à eux-mêmes sur un frêle esquif, sans moyen de regagner le rivage. On espérait ainsi qu’ils se repentiraient et que l’on irait les retrouver lorsqu’ils auraient purgé cette peine exemplaire.

Un semblable exil attendait la petite Baltia, la fille du Gouverneur. On l’envoya sous la bonne garde d’une nourrice jusques au continent, afin qu’elle put y grandir à l’abri des convoitises. On lui confia aussi un oiseau voyageur, ainsi qu’un octant enchanté que l’on passa autour de son cou. C’était en prévision de son retour futur, afin qu’elle ne manquât point de retrouver son île natale lorsque le jour serait venu.

Nos marins exilés, bien loin de se repentir comme les sages l’avaient espéré, se laissèrent au contraire aller à l’amertume et formulèrent aussitôt des desseins de vengeance.

A peine eurent-ils été abandonnés sur leur petite embarcation qu’ils voulurent retourner sur l’île pour achever leur sombre entreprise. Mais malgré leur obstination et leur habileté à manier l’octant, ils ne purent la retrouver. Lorsqu’au bout d’une semaine, les vivres vinrent à manquer, ils se mirent en quête d’un navire. Ils avaient pour projet de s’établir à la tête d’une flotte prestigieuse et redoutée, à laquelle rien ne résisterait, pas même l’île d’Ambre. Mais pour cela, il fallait bien commencer quelque part...

Au matin de leur huitième jour de dérive, alors que les vapeurs de l’aube n’étaient pas encore dissipées, ils avisèrent un navire marchand qui venait vers eux. Nos sept marins profitèrent de la forte brume pour arriver de front sans se faire voir. Ils prirent le Brigantin par l’avant en lançant une corde autour du bout-dehors, ils se hissèrent un à un jusqu’à la proue. Le gaillard d’avant fut pris
à la barbe de quelques matelots endormis, puis les sept marins traversèrent le pont. Les membres ébahis de l’équipage s’agitaient en tous sens, le coutelas tremblant. Ils arrivèrent sans tarder à la cabine du Capitaine qu’ils eurent occis en trois coups de sabre, puis ils traînèrent le corps sans vie de ce dernier sur toute la longueur du pont. A cette vision, l’équipage se rendit et les rebelles furent envoyés à fond de cale, mais on n’eut guère de mal à les convaincre de se soumettre au commandement des sept Capitaines.

Les exilés de l’île d’Ambre racontaient à l’équipage de quelles splendeurs était gorgée cette île fabuleuse. Ils disaient avec fièvre la beauté des femmes et l’abondance du bétail, les paysages paradisiaques, les fruits savoureux et les rivières chantantes. Dans l’esprit des marins qui n’avaient point vu le continent depuis des mois, cette terre était une douce mélodie. La mélodie devint une rengaine et la rengaine devint une obsession. Le feu prit dans leurs âmes simples et la rage les gagna à leur tour.

Comme Sept Capitaines ne pouvaient s’entendre sur un seul navire, ils en voulurent naturellement un chacun. C’est ainsi que le Brigantin se métamorphosa en véritable prédateur des eaux. Il y eut tout juste assez des sept mers pour fournir aux sept Capitaines la flotte qu’ils convoitaient.

Dans chacune, ils se livrèrent à la prise de navires de toutes tailles. Bricks, Jonques, Chaloupes et Frégates, tous passèrent par les armes pour se défendre des assauts parfaitement menés par les sept Capitaines. On profitait d’une brume traîtresse, on agitait les avirons et on lançait l’abordage, le coutelas entre les dents, par toutes les voies possibles. Le feu sacré qui animait les assaillants les rendait téméraires, on manoeuvrait avec souplesse ou avec fracas, virant de bord pour se retrouver coque contre coque, mât contre mât avec le navire convoité. Les matelots les plus habiles sautaient d’un pont à l’autre en se balançant au bout des cordages trempés. Toutes les voiles, du clinfoc à la brigantine, faisaient front aux bourrasques et enflaient comme des outres. On évitait pourtant les gros dégâts car il fallait que le navire restât à flot et le plus gros de l’équipage en bonne forme, mais les corps à corps étaient sans merci et quand on n’avait pas le choix la mitraille fusait en tous sens !
Celui des sept qui avait jeté son dévolu sur le nouveau navire se frayait un chemin jusqu’au gaillard arrière et pourfendait le Capitaine, comme cela, sans discours, puis traînait son corps au-devant de l’équipage !

Les matelots, fourbus et désemparés déposaient les armes et s’étonnaient de la magnanimité de leurs assaillants, car ceux-ci se montraient aussitôt  fort bons camarades. On pansait les blessés, on partageait le rhum et sans plus attendre, on parlait de l’île d’Ambre. Les derniers maux de la bataille étaient apaisés par les images enchanteresses. Le feu de la bataille s’éteignait doucement, mais celui de la convoitise s’embrasait aussitôt. La course reprenait, portée par un nombre plus grand encore d’esprits passionnés.

On constitua ainsi une flotte de sept navires. Des années durant, cette flotte parcourut les eaux qui entouraient l’île merveilleuse, sans succès. Les sept Capitaines, désespérés de ne jamais retrouver l’île d’Ambre, commençaient à penser qu’ils avaient peut-être été trompés par un songe, ou que leur esprit avait été perverti par quelque déité des eaux. Pourtant, ils ne renonçaient pas et ils ne regagnaient la côte que pour piller les vivres nécessaires avant de repartir, plus fébriles et plus repus d’espoir que jamais.

Baltia grandit pendant treize années, loin de ce monde de voiles et de remous. Elle avait tout oublié de ses origines et menait une existence modeste sous l’œil bienveillant de sa nourrice. Avec les ans, elle gagnait une beauté sans pareille et une grande sagesse. Pourtant, elle aussi était touchée par la fièvre de l’île d’Ambre. Toutes les nuits, elle voyait en songes une île merveilleuse, peuplée d’érudits et de musiciens virtuoses, dont les citadelles étincelaient sous les astres. Sa nourrice attendait le moment opportun pour lui révéler la vérité, mais elle s’était tant attachée à la petite et redoutait tant d’en être séparée, qu’elle ne parvenait jamais à lui parler.

Baltia était une jeune fille pleine de vigueur et elle ne songeait qu’à prendre la mer. Souvent, elle se rendait au port dans l’espoir de se faire engager sur un navire marchand. On la repoussait toujours, mais elle s’obstinait et tentait sa chance auprès d’un nouvel équipage. Elle commençait à désespérer lorsqu’un vent de terreur se mit à souffler sur la ville. On racontait à grands cris qu’une flotte de navires aux équipages fous avait mis à sac le port voisin et s’approchait de la cité. Baltia s’empressa de profiter de l’occasion. Elle partit seule en pleine nuit, à bord d’un minuscule canot, l’octant  au cou et son oiseau sur l’épaule. Elle mit le cap sur la flotte  qui avait mouillé au large : qu’à cela ne tienne ! Puisque l’on ne voulait point d’elle dans la marine marchande, elle se ferait Pirate !

Les six premiers Capitaines rirent chacun à gorge déployée en entendant la requête de la jeune femme. Ce n’est que lorsqu’elle se présenta au septième que les choses changèrent, car elle évoqua l’île qu’elle voyait en songes. Le Capitaine fit appeler les six autres, on se rassembla sur le pont et on l’écouta ainsi pendant de longues heures. Les splendeurs de l’île d’Ambre prenaient une dimension mystique dans la bouche de la belle Baltia et les matelots qui s’étaient rassemblés buvaient ses paroles comme l’eau d’une oasis dans un désert brûlant. Ils eurent tôt fait de comprendre que la jeune femme qui était devant eux n’était autre que la fille du Gouverneur et qu’elle était la seule clef de leur retour dans l’île. Ils se gardèrent bien de révéler leur savoir et firent mine de consentir à contrecoeur de l’emmener avec eux.
Une fois installée à bord, Baltia confia à son oiseau un morceau de papier sur lequel elle avait écrit à la hâte une lettre d’adieux à sa nourrice.

Pendant les jours qui suivirent, par tous les temps, Baltia ne rejoignait sa cabine que pour dormir après une journée de travail, ignorant qu’elle était en réalité l’otage de ses hôtes. La flotte bravait les mers d’huile et les orages. On s’approchait de l’emplacement de l’île d’Ambre et l’excitation montait dans le cœur des sept Capitaines qui sentaient déjà la saveur de leur vengeance. L’octant enchanté les avait menés tout droit vers l’île, si bien qu’ils arrivèrent un soir aux abords de la nappe de brume dans laquelle elle leur était dissimulée. Baltia sortit au clair de lune se promener sur le pont. L’oiseau revint. Quelle ne fut pas sa joie de retrouver son oiseau ! Elle le suivit jusqu’au pont, duquel il plongea vers les flots. Terrifiée, la jeune femme se pencha par-dessus le bastingage. A flot contre la coque du Brigantin, Baltia aperçut une petite embarcation qui bravait tant bien que mal les roulis du bâtiment. Une silhouette à bord agitait la main : c’était sa nourrice qui lui faisait signe ! L’oiseau monta une corde jusqu’à Baltia qui l’attacha fermement, et elle descendit sans bruit jusqu’au canot.

La nuit était claire et les eaux calmes, la Lune dispensait ses froids rayons alentours, une fine vapeur émanait de la surface de la mer et c’est dans ce paysage de songe que Baltia découvrit tout de ses origines et de sa destinée. Petit à petit, ses rêves dévoilèrent leur sens et elle comprit son entêtant désir de grand large et de contrées lointaines et inaccessibles.
Les deux filles de l’île d’Ambre discutèrent longtemps. Baltia réalisa soudain que les marins qui avaient consenti à la laisser monter à bord s’étaient servis d’elle pour retrouver l’île et mettre à exécution leur vengeance. Sa nourrice lui expliqua que l’objet qu’elle portait autour du cou avait pour fonction de l’attirer vers l’île d’Ambre aussitôt qu’elle prendrait la mer. Baltia comprit qu’elle avait donc sans le savoir commis l’irréparable : elle avait mené jusques aux portes de sa patrie natale des hordes d’ennemis armés de pied en cap.
La nourrice envoya l’oiseau porter un message à Ambre, afin que l’on leur envoie un des navires enchantés. Malheureusement, l’oiseau attira l’attention du matelot qui veillait au sommet de la hune et l’alerte fut donnée. Baltia et sa nourrice partirent à grands coups de rames tandis qu’un à un les sept équipages se précipitaient sur le pont de leurs bâtiments respectifs. Les sept Capitaines, tirés de leur sommeil, comprirent en un éclair ce qui se passait et furent saisis de folie en songeant à l’opportunité qui se présentait à eux. Cette opportunité qu’ils avaient attendue treize années durant sans jamais la perdre de vue, malgré embruns et épidémies, malgré l’austérité des biscuits moisis, malgré les blessures et les longs mois d’errance solitaire.
Comme un seul homme ils engagèrent leurs équipages dans la manœuvre véloce et virtuose de leurs navires, à la poursuite du canot brinquebalant de Baltia et de sa nourrice. Il n’y avait pas la moindre once de vent, on sortit les avirons, on ouvrit les sabords, on arma les canons  et on se prépara à faire feu sur les rivages de l’île qui ne manquerait pas d’apparaître. L’agitation était telle que les sept Navires tanguaient et roulaient dans leur propre cohue, semblable à la danse folle de païens enivrés.

Un rayon de lune fit scintiller quelque chose au loin : c’était le plumage luisant de l’oiseau qui revenait, ouvrant la route à un voilier fin et agile comme une anguille qui faisait cap vers le minuscule canot.

Les sept Navires convergeaient vers la même cible, mais par comparaison, ils semblaient faits de roc et de plomb, et étaient gourds dans leur manœuvre. Un chargement de mitraille fut lancé, suivi d’une douzaine d’autres. Le ciel se mit à flamber, écarlate, comme si le soleil lui-même émergeait de la mer. L’oiseau tomba à pic et disparut, sans vie, dans les flots bouillonnants, tandis que la barque approchait du navire et que l’on lançait une échelle de corde aux deux femmes. Avisant la scène  et dans un ultime mouvement d’espoir, certains des matelots, le cœur tout empli des promesses de leurs Capitaines, sautèrent par-dessus bord pour essayer de rejoindre à la nage le voilier d’Ambre qui déjà, refaisait cap vers l’île invisible.

Le navire disparut, emportant Baltia et sa nourrice, tandis que sa silhouette s’effaçait, pour la toute dernière fois, devant les yeux trempés de rage, de sueur et de larmes des sept Capitaines.

Pendant des lustres entiers, les sept équipages ont parcouru les flots, ratissant des étendues de plus en plus larges, explorant des contrées de plus en plus lointaines et de plus en plus improbables, pillant et embrasant villes et ports de pêche, dans le désir tenace de pouvoir assouvir leur vengeance d’avoir été exilés de la merveilleuse île d’Ambre. Les sept Capitaines devinrent les Pirates les plus craints des sept Mers.

L’île d’Ambre n’a jamais existé sur aucune carte, on ne l’a vue dans aucune mer, dans aucun océan.

L’Histoire nous apprend que les mondes parfaits
N’existent point ailleurs qu’en la tête des fous
Et l’Histoire a raison.
C’est dans l’esprit des fous seulement que demeurent
Encore les mystères et les délices d’Ambre.
Car nul ne peut jurer sur aucun de ses membres 
Avoir arpenté l’île qui transforme le cœur.









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